Guerre de Corée: 3 années meurtrières

mercredi, janvier 01, 2014


Prélude



La guerre de Corée trouve ses origines dans un Monde à bout de souffle au lendemain du second conflit mondial, pris entre deux blocs déjà très agressifs l’un envers l’autre, et où les grandes puissances coloniales se retrouvent à genoux alors que de nouvelles puissances émergent.

Fruit de tensions politiques, économiques et sociales entre le Nord et le Sud, le conflit sera la première guerre ouverte entre les blocs capitaliste et communiste.
Ce sera également la première fois où le Monde se retrouvera au bord d’un conflit nucléaire ouvert, alors que les premières bombes atomiques n’ont explosées que 5 ans auparavant et sont toujours semi-expérimentales…

Conflit moderne, cruel, ravageur, et tellement moderne dans lequel les Etats-Unis se verront confrontés aux premiers revers de taille depuis l’Offensive des Ardennes en 1944. Conflit dans lequel la Chine populaire se verra impliquée pour la première fois dans des opérations militaires sur un territoire satellite. Ce fut également une première pour les Russes et les Américains qui se retrouveront face à face principalement dans les airs (la fois suivante sera aux dessus du cercle polaire).

La colonisation japonaise (1910-1945)



Bataille de Pyongyang durant la guerre sino-japonaise
Guerre sino-nippone de 1894~96

Entamée des la défaite de la dynastie Qing lors de la guerre sino-nippone (1894-1896), la colonisation japonaise avala la péninsule coréenne. Stratégique de par son emplacement, la Corée de Joseon se révéla nécessaire aux ambitions de conquêtes japonaises. Après en avoir fait son protectorat en 1905 avec le traite d’Eulsa, l’Empire du Soleil Levant décida d’en faire une colonie pure et simple dès 1910.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, les Nationalistes indépendantistes coréens trouvèrent des soutiens dans les différentes zones de conflits. On retrouve ainsi LEE Beom-seok / 이범석 en Birmanie combattant les Japonais, alors que KIM Il-sung / 김일성 luttait âprement avec les Chinois de Mao dans le nord de la Chine. Cela aura une influence primordiale sur le sort de la Corée à l’issue de la guerre.

La bipolarité du Monde d’Après-Guerre


Faisant suite au deuxième conflit mondial, le Monde se divisa des 1945 en deux sphères d’influences (plus une troisième dite « non-alignée): la sphère capitaliste dite « libre » dominée par les Etats-Unis d’Amérique, et la sphère communiste dite « populaire » dominée par l’URSS. Lors des différentes rencontres (Casablanca,TeheranYaltaPotsdam) les Alliés d’hier se « partagèrent le Monde » et « s’attribuèrent » des zones « tampons », qui devinrent vite des zones d’influence et où, par partis politiques ou factions armées interposés, les deux superpuissances s’affrontèrent.
Le 9 août 1945, Staline déclara la guerre au Japon Impérial, avança en Mandchourie (Chine) et pénétra dans la péninsule coréenne. Les forces soviétiques s’arrêtèrent comme prévu au 38e parallèle, pour faire la jonction avec les soldats américains. Mais la méfiance était déjà omniprésente dans les rangs des Alliés, et les officiers américains et russes doutaient que leurs « partenaires » ne respectassent les termes des accords conclus… Des tensions apparaissaient déjà sans qu’il n’y eut réellement d’incidents entre les forces en présence.

La guerre civile chinoise


Le Général Tchang Kai-tchek passe en revue ses troupes
La guerre mondiale terminée, et les Japonais vaincus, la guerre civile entre nationalistes de Tchang Kai-tchek et communistes de Mao reprend. Mais renforcées fortement par les Soviétiques (bien que Staline et Mao ne s’apprécient guère), les troupes communistes, bien commandées et bien armées, finissent par dominer les forces nationalistes.
Épuisées par des querelles internes et des manques liées à la déliquescence de leurs cadres (corruption, vols, incompétences notoires, manque de discipline, autoritarisme…), les troupes nationalistes se replient sur l’île de Taiwan.
A l’issue d’une guerre civile et de troubles qui durèrent près de 4 ans, le Parti Communiste Chinoise (PCC) finît par dominer et pousser à la fuite le leader nationaliste et anti-communiste Tchang Kai-chek. Celui trouva refuge sur l’île de Taiwan et tombera en disgrâce auprès des Américains, jusqu’à la Guerre de Corée.
En 1949, la République Populaire de Chine fut proclamée, aux dépends du camp allié et des Américains, qui virent d’un très mauvais œil la « chute » du plus grand Etat d’Asie dans le camp communiste… La Chine jouera un très grand rôle durant le conflit coréen. Elle s’y préparait depuis sa fondation en entraînant les cadres nord-coréens et en leur fournissant (recyclant?) du matériel de guerre en très grande quantité, avec l’aval et le soutien des Soviétiques.



Potsdam ou les germes du conflit


Conference de Potsdam
Les 3 "Grands" à Postdam
Du 17 juillet au 2 août 1945, dans la ville allemande de Potsdam, se déroula la conférence qui influencera l’avenir de la péninsule coréenne. Lors de cette rencontre qui réunît ChurchillStaline et Truman, les Alliés décidèrent de définir leur position commune sur les points suivants:

-L’Allemagne sera démantelée et séparée de l’Autriche. Les Alliés s’attribuent 4 zones de responsabilité, qui deviendront zones d’occupation. « les 4D » seront appliqués: Décartellisation des grands groupes industriels, dénazification (avec le procès de Nuremberg), démilitarisation et démocratisation.

-L’Italie perd ses colonies: SomalieÉrythréeLibye et Albanie.

-La Pologne qui récupérera ses territoires annexés par l’Allemagne mais perd ceux annexés par l’URSS.

-Le Japon à qui il est demandé une reddition absolue et inconditionnelle, la perte de ses « protectorats » dont la Corée, et la mise sous tutelle du Japon par l’administration américaine, refusera l’offre inacceptable, poussant les Etats-Unis à décider d’user de la bombe atomique par deux fois à Hiroshima et Nagasaki.

La ligne Acheson


Dean AchesonDean Acheson, homme d’Etat et juriste américain, participait à l’administration Truman au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Il aida à la construction du Plan Marshall, à la définition de la Doctrine Truman et à la création de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantic Nord). Conseiller politique influent, il conseillera également le Président Truman d’intervenir pour « sauver » la Corée du Sud lors de l’invasion de 1950, d’envoyer des conseillers militaires auprès des Français durant la guerre d’Indochine, mais aussi au Président Lyndon Johnson de négocier avec le Nord Vietnam.

Il sera à la tête du comité exécutif , organe de conseil au Président des Etats-Unis d’Amériques en matières d’affaires stratégiques en charge notamment de décider comment répondre lors de la Crise des Missiles de Cuba, à la demande du Président John Kennedy.

Rhee Syng-manEn poste aux affaires étrangères en 1950, il déclara devant le Club de la Presse Nationaleles limites du périmètre asiatique de défense que les Etats-Unis entendaient soutenir. Cela incluait le Japon, les Philippines…mais pas la Corée du Sud de Syngman Rhee / 이승만 (pourtant fervent supporter des Etats-Unis). Cette bourde énorme a longtemps été répandue, et reste encore largement connue à tort comme le « blanc-seing » du camp occidental au cap communiste à l’invasion de la partie sud de la péninsule coréenne.

Pourtant il a récemment été prouvé que sa déclaration (ou « bourde) n’avais pas eu de conséquences directes et importantes sur le déclenchement de la Guerre de Corée. La déclassification récente de documents confidentiels a permis de voir que Staline et Kim Il-sung avaient déjà ce projet en tête bien avant la déclaration du conseiller Acheson.

Séparation définitive et accrochages réguliers


Dès 1945, et la mise sous tutelle de la Corée par les autorités militaires sud-coréennes, les troubles trouvèrent un terreau fertile à un conflit civil larvé. En refusant de reconnaître la République du Peuple Coréen / 조선인민공화국 (née de la fin de la Colonisation Japonaise. A ne pas confondre avec la République Populaire Démocratique de Corée, dite Corée du Nord / 조선민주주의인민공화국), le Gouvernement Militaire US (USAMGIK) créa un vide politique occupé par des mouvements coréens favorables aux thèses socialistes et soviétiques, et infiltrés dès le retrait des Japonais par KIM Il-sung et Beijing.

Profondément choqués par cette absence de considération de la part des Alliés, les Coréens se révoltèrent et les premiers mouvements de guérilla apparurent, aidés par le pillage de stocks d’armes nippons.

De plus, en s’appuyant sur des troupes de police coréenne largement composées d’anciens collaborateurs des Japonais, les Américains finirent de mettre le feu aux poudres, les premières faisant preuve d’une violence extrême, sans doute pour dissimuler leurs engagements passés avec l’occupant nippon.

De décembre 1945 à Juin 1948, la Corée fut la proie de profonds troubles, proches de la guerre civile, attisés par la suspension des Libertés civiles et politiques par les Américains, et par la répression sanguinaire des protestations par la police et l’armée sud-coréennes. Ainsi, lors du soulèvement de Jeju, près de 14,000 personnes furent massacrées par l’armée et la police sur l’île éponyme, ainsi qu’à Suncheon et Yeosu.


Élu en 1948 lors d’un vote que la majorité, de gauche, de l’Assemblée coréenne boycotta, Syngman Rhee représentait la droite dure anti-communiste de la Corée (largement appuyée par les Américains). Il fit tout pour stigmatiser, harceler, et pourchasser les leaders syndicalistes, politiciens libéraux, penseurs indépendantistes populaires et opposants de gauche.
3 mois plus tard, le Nord et les partis de gauche qui avaient boycotté les élections nationales, décidèrent de mener leurs propres élections, avec la bénédiction des Soviétiques, créant de facto une nouvelle zone d’influence et d’administration.

Après la promulgation de deux Constitutions, non-reconnues par les blocs opposés respectifs, deux Républiques de Corée furent promulguées: la République de Corée (Sud) et la République Populaire et Démocratique de Corée (Nord).

Dès lors, la fracture est ouverte et ne se refermera plus. La division, remettant en cause 2000 ans d’Histoire commune, devint immédiatement inacceptable pour les Etats. Les accrochages à la frontières des deux nouveaux pays ennemis furent de plus en plus fréquents et les discours provocateurs fusèrent des deux côtés…

Le raz de marée nord-coréen

Alors que les officiers Sud-coréens sont en week-end, et que les quelques centaines de conseillers américains jouent au golf ou profitent de la plage à Busan, aux aurores, à 04h00 de ce dimanche 25 juin 1950, un feu infernal va s’abattre sur la ligne de séparation entre les deux nouvelles républiques coréennes. Sur près de 20 kilomètres de profondeur, et sur l’ensemble de la largeur de la péninsule, 135,000 Nord-coréens équipés de 150 T-34, 1 700 pièces d’artillerie, 200 avions de combat, pénètrent profondément dans le dispositif sud-coréen.


En face, ni les Sud-coréens, ni les Américains ne disposent de matériel lourd et le nombre de soldats à opposer aux divisions communistes est largement insuffisant.
Les Sud-coréens (et accessoirement les Américains) vont se battre durant les premières heures du conflit avec un ratio de 1 contre 4. Ils sont essentiellement novices, sans entrainement, alors que les Nord-coréens sont pour beaucoup des vétérans de la Guerre en Chine contre le Kuomintang de Tchang Kai-tchek. Les Sudistes seront rapidement mis en déroute par les assaillants.

Panique à bord!

Destruction des ponts de Séoul en 1950
2 jours plus tard (le 27 juin), le Président sud-coréen Syngman Rhee et son gouvernement s’enfuit, alors qu’à l’ONU la résolution 83 est votée pour condamner l’agression nord-coréenne. Le lendemain, le pont Indo traversant le fleuve Han à Séoul sera détruit dans la panique par 1,200 kilos de TNT de l’armée sud-coréenne…alors que 4,000 réfugiés civils sont encore dessus. 1/4 mourra dans l’effondrement du pont…


Au 30 juin, l’armée sud-coréenne ne comptera plus qu’un quart de ses effectifs, dont beaucoup ne sont déjà plus opérationnels, démoralisés, et sans équipement.
Les Etats-Unis, par le voix de son Président, Harry Truman, décident d’intervenir, et le Général d’Armée etPro-consul (variante de Gouverneur) au Japon Douglas Mac Arthur se voit ordonné de transférer le maximum de munitions, d’hommes et de matériel vers la Corée du Sud. La VIIe flotte du Pacifique servira de bouclier pour protéger Taiwan.

Héroïsme salvateur

Le 6 juillet voit le premier affrontement direct de troupes nord-coréennes et américaines. Cela se passe à la Bataille d’Osan: Les Américains y subissent une première défaite, même si leur résistance est farouche‚ et ils entament la longue retraite vers le sud, Busan.
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Bataille de Osan: progression des troupes US
Une semaine plus tard et 135 km plus au Sud, près de Daejeon, la XXIVe Division d’Infanterie US se voit obligée de mener une action désespérée d’arrière-garde pour permettre aux autres divisions américaines de se replier vers Busan, sous peine de destruction totale.

Après de très violents combats et 3 jours d’intenses assauts au cœur de la ville, la Division menée par le Général de Division William F. Dean (qui se verra remettre la Médaille d’Honneur du Congrès pour avoir détruit lui-même un char avec une grenade et fait le coups de feu pour permettre à des soldats blessés d’être évacués) sera finalement capturée par la IIIe Division d’Infanterie nord-coréenne.

Le Général Dean et ses hommes passeront près de 3 ans en captivité très dure dont beaucoup ne reviendront pas, jusqu’à leur libération lors d’un échange de prisonniers en 1953.

Busan, Fort Alamo

pusan_perimeter-1Dès le début août, les forces sud-coréennes, américaines, et les premiers bataillons des contingents de l’ONU se retrouvent acculés dans la poche de Busan, dernier bastion avant le rejet à la mer. La bataille, qui se déroule du 4 août au 18 septembre 1950 et sur 230 km de long, fera entre 100,000 et 110,000 morts des deux côtés. C’est une bataille d’usure qui changera la tournure des événements car les Sudistes et l’ONU se battent avec acharnement pour ne pas être écrasés contre le front de mer, et car les forces nord-coréennes, qui ont avancé très rapidement, voient leurs lignes d’approvisionnement affaiblies, leurs communications  étirées, et leurs ordres de bataille modifié. En effet, sous la pression du Haut-Commandement communiste, les chef des divisions nord-coréennes n’ont pu réellement faire de pause pour se réorganiser et se réarmer.

« La pointe de lance rouge » commence à s’émousser et, les troupes US et de l’ONU arrivant de manière croissante, le mouvement vers le sud va s’essouffler puis se stopper.

Reflux

Pendant ce temps, les Nord-coréens qui annonçaient une victoire rapide‚ complète et totale avant la fin juillet déchantent. Le Commandement suprême chinois / 中央军事委员会, sous la direction de Zhou En-lai, qui suit avec attention le déroulement des opérations dans la péninsule coréenne, s’inquiète et en réfère à Moscou. Décision est prise de se préparer au contre-coup occidental en surveillant les activités navales dans la baie d’Incheon (zone déclarée la plus probable quoique la moins facile pour une contre-attaque décisive et un débarquement pour rompre les lignes nord-coréennes), et la mise en alerte près de la frontière de sino-coréenne des près de 260,000 gardes frontières chinois (sous le commandement de Gao Gang).


Mac Arthur et son saut de puce (15 septembre 1950)

Le 15 septembre, après des semaines de préparation dans un scepticisme ambiant sur la capacité de réalisation de l’opération (le tout arrosé par des querelles politiques et administratives entre l’US Navy et l’US Air Force), le Général Mac Arthur, pro-consul du Japon et commandant en chef des forces alliées dans le Pacifique, va déclencher son « saut de puce ».

Technique héritée de la seconde Guerre Mondiale et notamment de la guerre dans le Pacifique contre les Japonais, la tactique de Mac Arthur dite du « saut de puce » va lui servir une nouvelle fois à se sortir d’une situation délicate.
Il s’agit d’effectuer un débarquement massif, à un endroit isolé, loin derrière le front, que l’ennemi ne pense pas stratégique et qu’il n’a donc pas préparé à défendre. Cette nouvelle variante littorale de la Blitzkrieg / Guerre éclair, met en avant la vrai stratégie militaire américaine mise au point durant la Seconde Guerre Mondiale: moins stratégique que logistique, cette stratégie s’appuie sur une concentration massive d’hommes et de matériels sur un point de rupture, forçant les lignes ennemies à rompre sous peine de se voir débordées.
Encadrées par un important dispositif d’artillerie et d’appuis aériens qui vont écraser les défenses quelques heures avant le débarquement (techniques bien maîtrisées depuis la Normandiela Provence,SaipanOkinawa et Iwo-jima, entre autres…), les troupes de choc débarquent (essentiellement des Marines), suivies par des ingénieurs et des sapeurs du génie qui construisent des pistes permettant aux avions d’appuyer une zone de défense et de créer une tête de pont, servant pour l’arrivée de troupes de combat plus classiques (infanterieartilleriecavalerie…) et de soutien. De cette poche va naître un nouveau front, coupant l’ennemi trop éloigné de ses lignes de ravitaillement.
Il faut comprendre la tâche de Mac Arthur. Débarquer à Incheon n’est pas une mince affaire: cauchemar hydrographique, la zone est couverte de petites îles, représentant autant de mini-forteresses pour les défenseurs. Les chenaux d’accès ont des eaux peu profondes et boueuses souvent minées, ce qui limite l’accès des embarcations lourdes et empêchent la visibilité des fonds lors de l’emprunt des canaux. De plus, des barres de sables et de boue se déplacent régulièrement à cause des très forts courants (plus violents qu’au Mont St Michel, à titre d’exemple), et recouvrent et découvrent des roches basaltiques acérées, mortels « ouvres-boites » potentiels pour les chalands de débarquement.

Par ailleurs, la marée y est une des plus fortes au Monde, avec une amplitude de près de 5 mètres de profondeur et près de 3 kilomètres d’amplitude de zone entre la marée haute et la marée basse.
Enfin, la boue omniprésente empêche les engins à roues d’avancer, limite les capacités de mouvements des blindés légers, et « collent » aux blindés lourds et l’artillerie comme du vulgaire papier tue-mouches… quand aux hommes, ils ne peuvent y faire un pas sans s’enfoncer jusqu’aux cuisses (réduisant à néant leur potentiel de combat).
Incheon aujourd'hui

Pour compléter le tout, un parapet en béton de près de 3 mètres de haut a été érigé pour contenir les fureurs de la marée contre le développement du nouveau port industriel et marchand et couvre ainsi l’ensemble de la côte accessible d’Incheon (sauf les petites îles de la baie).
Il faut également compter les forces nord-coréennes qui ont fortement préparé la zone contre les attaques aériennes et navales, non pas par vision stratégique, mais surtout pour protéger Séoul et son nœud ferroviaire, cœur du dispositif logistique nordiste. Lequel est déjà à la peine à cause de l’extension très rapide des lignes de ravitaillement vers le Sud et du manque de développement d’infrastructures routières de la Corée du Sud de l’époque (elle avait un revenu par tête inférieur à celui du Ghana de 1950 et était moins développée industriellement que le Nord…).
Bref, des conditions exécrables, techniquement impossibles, logistiquement effroyables, et dantesques pour tout homme présent lors de l’opération amphibie, attendent donc les Marines de la 1e Brigade de Marines (reformée à la hâte, après avoir été quasiment démantelée en 1945). Il faut ravitailler près de 50,000 homes, véhicules et artillerie alors que la Chine communiste est dans le « dos », et le théâtre d’opérations à plusieurs milliers de kilomètres de la base la plus proche, le Japon.

Le franchissement de la frontière et l'escalade (1 octobre 1950)

Une fois le débarquement d’Incheon réussi avec succès, Mac Arthur décide de poursuivre sur sa lancée, en coupant complètement les forces nord-coréennes au sud de Séoul et qui, apprenant la nouvelle de l’opération américaine, refluent désormais dans la plus grande panique.
La rupture définitive de leurs lignes signifierait leur encerclement et leur anéantissement par capture ou par destruction. Elles se désintégreront rapidement lors de la poussée depuis Busan par la 1er Division de Cavalerie US.

Toutefois, près de 20 000 soldats communistes « disparaîtront » en cours de route, se fondant dans les montagnes, les forêts et dans les villes pour y mener des actions d’espionnage, de guérilla et de sabotage. Ils seront aussi à l’origine des « listes de nettoyage » adressées aux commissaires politiques nord-coréens pour désigner les collaborateurs « capitalistes ». Elles mèneront au massacre à grande échelle des civils et de fonctionnaires sud-coréens.
Le 25 septembre, et après d’âpres combats, Séoul est reprise par le Xe Corps US.
Reconquête de Séoul

Staline qui avait vu d’œil inquiet l’avancée trop rapide et sans protection des Nord-Coréens (et ce malgré les avertissements des conseillers chinois et soviétiques) convoque en urgence le Politburo pour aviser en cas d’effondrement des forces nord-coréennes. Il en profitera pour éliminer les quelques officiers soviétiques « incompétents » (il avait, comme pendant la Seconde Guerre Mondiale, obligé ces officiers à suivre ses directives…qui avaient mené à l’échec et à leur propre purge).
Alors que Mac Arthur a reçu le 27 septembre 1950 l’instruction secret duConseil de Sécurité Nationale US (Memorandum 81/1) l’autorisation explicite de poursuivre les opérations au-delà du 38e parallèle, Zhou En-Lai avertit officiellement le 30 septembre que tout atteinte à l’intégrité du territoire nord-coréen sera considérée comme une provocation et un acte de guerre par laRépublique Populaire de Chine.
Le 7 octobre, les troupes de l’ONU franchissent la frontière nord-sud, et poursuivent les colonnes nord-coréennes avec l’autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Le 19 octobre, Pyongyang est capturée.
Fort de ce succès, Mac Arthur a l’occasion d’avancer son idée qu’il faut porter la guerre en Chine communiste pour pouvoir « détruire les Rouges » en Extrême-Orient. Le Président US Truman s’y oppose et ordonne de s’arrêter a la frontière sino-coréenne le long du fleuve Yalu.
Les Chinois, voyant les troupes de l’ONU et US progresser (trop) rapidement vers la frontière, s’entretiennent à plusieurs reprises avec les Soviétiques Staline, Molotov, Beria et Malenkov. Ils obtinrent du matériel mais uniquement civil. Par ailleurs l’aviation soviétique ne serait pas disponible avant plusieurs mois et ne pourrait intervenir qu’au-dessus du territoire chinois (ce que les Chinois trouvèrent totalement inutile). Staline, dans sa grande paranoïa, se refuse, non pas à affronter l’Ouest, mais à prêter du matériel militaire aux Chinois, qui pourraient finalement le supplanter en Asie…




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